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     Concernant les composites, la manière de travailler ces matériaux est assez inhabituelle. La magie lente du passage de l’état “liquide“ à l’état “solide“ lors de la polymérisation et la mouvance des tissus en cours de travail ne sont pas étrangères à la fascination qu’exercent ces techniques.
Un des aspects particuliers aux pièces industrielles construites avec ces matériaux est le fait qu’elles présentent souvent des surfaces et des formes courbes et arrondies qui contiennent de nombreuses surfaces non-développables, jusqu’aux géométries les plus complexes. On voit que, contrairement à la plupart des autres méthodes de construction où l’on ne peut éviter une intervention mécanique (découpage, fraisage, rivetage ou soudage d’éléments), les objets fabriqués en composite forment un  “bloc“ monolithique qui amalgame résine et fibres.

Cette double propriété de  plasticité vis-à-vis des courbes et de structure monolithique fait qu’ils possèdent un certain parallélisme avec les organismes qui appartiennent au règne du vivant où  chaque être est un tout formé de cellules connectées entre elles. Bien sûr, il y a d’autres domaines de production où l’on se sert de la jonction de deux matériaux, l’un ayant pour rôle de résister aux efforts et l’autre servant de liant, c‘est le cas par exemple du béton armé qui permet tant de liberté architecturale. Bien que des recherches soient faites pour obtenir de nouveaux types de bétons dits « à ultra hautes performances » qui rendent possible la réalisation de structures plus fines et moins lourdes, on reste loin des records de légèreté obtenus avec les matériaux composites.

Cet ensemble de caractéristiques a conduit nombre d’artistes d’après guerre à employer ces matériaux. Pour la majorité d’entre eux, c’est surtout leur souplesse d’emploi qui les a séduits. Quand Alex Béraud utilise les composites, il s’efforce de ne pas faire de barrage à la « personnalité » intrinsèque du matériau et à mettre en avant l’aspect particulier qui s’en dégage. Ainsi, pour des compositions comme “Le grand frisson“ ou “Tous les colibris“, on perçoit dans le premier cas le contraste entre les fibres blanches et noires du tissu hybride verre/carbone et dans le deuxième cas l’extrême finesse de la chevelure en fils de carbone.

Ainsi, en superposant à la docilité du procédé les subtiles alliances qui se tissent entre fibres et  résines, en y ajoutant pigments, colorants chimiques, oxydes métalliques, etc, Alex Béraud nous amène à dire que le nom même de “composite“, par sa connotation plurielle qui se rapproche quelque part du modèle de la nature, illustre ce côté important que l’on retrouve dans l’ensemble de ses créations où il défend la présence des choses et des êtres comme acteurs indifférenciés d’un univers global et ouvert sur le devenir.

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